Les femmes de Brewster Place, roman culte

Les femmes de Brewster Place, de Gloria Naylor, est un roman vintage, qui fut publié pour la première fois en 1983. Ce premier roman, est l’un des multiples éclairages que l’on peut porter sur la situation des Afro-Américains vivant en marge de la société, aux Etats-Unis. A lire aujourd’hui plus que jamais. Isabelle Cerboneschi

« Brewster Place aima surtout ses filles de couleur, qui s’affairaient avec des airs décidé à tirer le meilleur parti possible de ces maisons délabrées. Des bras couleur cannelle s’accoudaient aux fenêtres, des jambes noueuses d’un noir d’ébène grimpaient péniblement les escaliers au retour des courses, et des mains rouge safran étendaient des lessives sur les cordes à linges dans les cours. »

J’ai lu ce roman un peu avant le confinement et jamais je n’ai imaginé qu’il serait autant d’actualité, après le meurtre filmé de George Floyd par un policier de Minneapolis, dans le Minnesota.

Il s’agit d’un premier roman qui a reçu le prix prestigieux du National Book Award en 1983 et qui a été adapté en série pour la télévision par Oprah Winfrey en 1989.

L’histoire ? Sept histoires plutôt, celles de femmes Afro-Américaines, qui vivent, ou survivent, dans les années 70, dans un quartier Brewster Place qui peu à peu se paupérise, devient un ghetto, puis une rue qui se meurt.

Comment vit-on dans ces zones de quasi non droit, où la misère grignote les vies, où la violence s’installe peu à peu quand on est une femme qui aime une femme comme les deux filles du No212? Quand on est une femme à la beauté extravagante qui roule en Cadillac, comme Etta Mae? Quand on est une femme au destin de douleur et qui devient de fait le mère de tous les habitants de la rue, comme Mattie Michael? Quand on est une femme qui décide de se révolter et prendre son destin en main, ainsi que celui de sa communauté, comme Kiswana Browne ?

On ne vit pas toujours bien, mais on vit pleinement, douloureusement, amoureusement. On meurt aussi.

Ces portraits magnifiques de femmes attachantes sont écrits dans une langue foisonnante, modulée, enveloppante. Les personnages vivent avec nous encore quelques jours après avoir refermé le livre.

Ce roman, devenu culte, est l’un des multiples éclairages que l’on peut porter sur la situation des Afro-Américains vivant en marge de la société, aux Etats-Unis.

A lire aujourd’hui plus que jamais.

Les femmes de Brewster Place, Gloria Naylor, Belfond