L’heure gourmande

En janvier 2019, Richard Mille présentait ses garde-temps pendant le Salon International de la Haute Horlogerie pour la dernière fois. Au lieu d’exposer une nouvelle complication, il a lancé une collection baptisée Bonbon. C’est ce que l’on appelle une sortie en douceur… – Isabelle Cerboneschi

En janvier 2019, il a fait son dernier tour de piste au Salon International de la Haute Horlogerie. Chaque année, depuis qu’il a créé sa marque en 2001, Richard Mille lance une montre comme on lance un défi au monde horloger : nouvelle architecture du mouvement, prouesse technologique, matériaux inusités, alliages révolutionnaires, résistance aux chocs extrêmes, haute précision. Ses garde-temps sont carénés comme des bolides pour faire la course entre hommes : c’est à qui aura la plus grosse, la plus chère, la plus solide, la plus compliquée, la plus belle…

Mais depuis 2005, la marque n’est plus seulement une affaire d’hommes: Richard Mille a fait entrer les femmes dans son histoire, beaucoup de femmes: sur 100 clients, 20 se déclinent au féminin pluriel. Son chiffre d’affaires se montait à 314 millions de francs suisses en 2018 et il espère atteindre les 360 millions en 2019, selon le Figaro. Il a fallu à peine 18 ans à Richard Mille pour se bâtir un royaume. Chapeau.

Mais revenons au SIHH 2019, son dernier. Parce qu’il n’a pas besoin de vendre ses montres dans des salons – il n’en produit pas assez pour remplir toutes ses boutiques – Richard Mille ne présentera plus ses garde-temps à Genève. Tout le monde s’attendait donc à découvrir un calibre révolutionnaire créé exprès pour l’occasion, or il a pris tout le monde de court avec sa collection Bonbon.Au total, 10 modèles différents déclinés en 30 exemplaires, qui évoquent le monde merveilleux de l’enfance, du roudoudou en réglisse en passant par la guimauve tricolore ou aux pâtes de fruits acidulées. Une régression qui a son prix: de 120’000 à 160’000 chf environ le modèle.

Mais revenons au SIHH 2019, son dernier. Parce qu’il n’a pas besoin de vendre ses montres dans des salons – il n’en produit pas assez pour remplir toutes ses boutiques – Richard Mille ne présentera plus ses garde-temps à Genève. Tout le monde s’attendait donc à découvrir un calibre révolutionnaire créé exprès pour l’occasion, or il a pris tout le monde de court avec sa collection Bonbon.

Au total, 10 modèles différents déclinés en 30 exemplaires, qui évoquent le monde merveilleux de l’enfance, du roudoudou en réglisse en passant par la guimauve tricolore ou aux pâtes de fruits acidulées. Une régression qui a son prix: de 120’000 à 160’000 chf environ le modèle.

« J’avais envie de créer une collection capsule autour d’une thématique qui réunissait à la fois des formes, des textures et des couleurs, relève Cécile Guénat, la directrice artistique de cette collection. La couronne de la 07-01 ressemble déjà à un petit cake, nous avons des céramiques roses qui font penser à des bonbons. Je suis arrivée avec deux ou trois propositions dont une planche de bonbons. Je n’avais fait aucun dessin mais Richard Mille a tout de suite accepté l’idée. »

Pas de nouveau mouvement: les 300 montres ont été dotées des calibres automatiques RM 07-03, RM 16-01 et RM 37-01. « La complication réside ailleurs », confie Cécile Guenat. Dans les matières utilisées pour obtenir ces effets notamment. Céramiques teintées, superposition de couches de matières comme le Carbone TPT ou le Quartz TPT, traitement particulier de l’émail, qu’il soit sablé pour ressembler à un marshmallow moelleux ou micronisé pour ressembler à du sucre glace : les voilà les challenges de cette collection. Aucune sucrerie n’a une fonction : les montres ne sont pas des complications horlogères, elles donnent l’heure, les minutes et la date selon les modèles.

« Je voulais travailler avec des bonbons qui parlent à tout le monde, poursuit la directrice artistique. Quand j’étais enfant, dans les épiceries, il y avait toujours des alignés de bonbons. J’aime bien croquer dans les rouleaux de réglisse, mais je ne suis pas très constante dans ma consommation. J’adore les fraises Tagada, les les marshmallows. Les langues de chat sont plus complexes: elles sont hyper belles mais elles arrachent les dents. J’ai pris quelques kilos pour ce travail. »

Il n’y a que Richard Mille qui puisse oser faire cela: des bonbons qui valent le prix d’une voiture de course. Des montres qui s’adressent à l’enfant endormi dans l’adulte devenu. Ou plutôt, non, qui parlent à l’enfant qui ne dort jamais…