Dior en féérie

La crise sanitaire due au Covid19 a bouleversé le calendrier de la mode. En lieu et place des habituels défilés, la Fédération de la haute couture et de la mode a demandé aux maisons membres de présenter une vidéo exprimant leur univers et leur savoir-faire. Le film qui présente la collection haute couture automne-hiver 20-21 de Dior, et qui fait référence aux heures sombres de la mode, est littéralement magique. Isabelle Cerboneschi

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Juste après la Seconde Guerre mondiale, l’industrie textile française était exsangue. Le couturier Lucien Lelong avait sauvé la haute couture et ses précieux savoir-faire d’un exil en Allemagne, voulu par Hitler, mais après des années de privations, l’époque n’était pas aux frivolités. 

Pour promouvoir la haute couture et ses métiers, la Chambre syndicale de la couture parisienne, Lucien Lelong en tête, avait eu l’idée de créer un Théâtre de la Mode, un spectacle itinérant montrant le savoir faire des couturier sur des poupées.

L’exposition avait eu lieu du 28 mars au 29 avril 1945 et a parcouru le monde jusqu’en 1946. Le directeur artistique de ce spectacle de propagande, destiné à rendre à Paris son titre de capitale de la mode, n’était autre que Christian Bérard, qui fut par la suite l’un des plus proches amis de Christian Dior. 

Du fait de la crise du Covid 19, la semaine de la haute couture est remplacée par une présentation des collections en vidéo. Chaque couturier y exprime son art librement.

Pour présenter la collection haute couture automne-hiver 2020-2021 de Dior, Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique de la maison, a eu l’idée d’exhumer l’idée du Théâtre de la mode mais l’a transposé dans un pays imaginaire.

Le film, d’un onirisme fou, montre le travail minutieux réalisé en atelier sur des poupées. Celles-ci sont destinées à séduire une clientèle très particulière : des elfes, des fées, des sirènes, des ondines, peuplant une forêt enchantée.

Et si ces petits films, qui montrent à la fois un savoir faire, un univers créatif, et des vêtements saisis dans un mouvement étaient l’avenir de la haute couture ?