Barbara Bui X Aurélie Bidermann

À l’occasion de son vingtième anniversaire, la Maison Aurélie Bidermann s’est alliée avec la créatrice Barbara Bui pour créer une courte collection de trois bijoux couture. Placée sous le signe du serpent, cette capsule, baptisée Ekkaï, sera en vente dès le 12 novembre. L’occasion de revenir sur les origines de ce projet avec Barbara Bui. Isabelle Cerboneschi

En 2004, un nouveau nom est apparu dans l’univers du bijou couture: Aurélie Bidermann. Ses créations, fabriquées dans des matériaux abordables, sont vite devenues des must-have que l’on allait s’offrir dans le mythique concept store parisien Colette.

En 2016, la marque a été rachetée par Jean-Paul Bize, Président d’AMS et propriétaire du joaillier Poiray. Aurélie Bidermann a continué quelques années à créer les bijoux qui portaient son nom avant d’emprunter d’autres chemins créatifs.

En octobre dernier, pour fêter ses 20 ans, la Maison Aurélie Bidermann a présenté le fruit d’une collaboration avec la créatrice Barbara Bui. Cette courte ligne, puissante et irrévérencieuse, à l’image de la créatrice, est composée d’un bracelet manchette, d’un sautoir et de motifs d’oreille doré à l’or 18 carats. Hautement désirable, elle est placée sous le signe du serpent et s’appelle Ekkaï.

INTERVIEW

Comment l’idée de cette collaboration est-elle née ?

Barbara Bui : Barbara Bui: Un de mes amis trouvait que l’on pourrait très bien s’entendre avec la Maison Aurélie Bidermann. J’avais créé des bijoux en argent dans les années 2000: une ligne qui s’appelait Atame et qui était déjà sous le signe du serpent. J’aime bien les bijoux Aurélie Bidermann. Ils ont un style assez différent du mien: ils sont plus féminins alors que j’aime les pièces imposantes. Cette collaboration a permis de faire se rejoindre deux points de vue. Je trouve très jolie la manière dont la marque traite la matière, avec ce placage d’or patiné qui donne une impression de vécu. Je trouve intéressant le décalage entre ces bijoux couleur or, assez couture, et mon style masculin/féminin.

Considérez-vous ces bijoux comme un embellissement, un accessoire de mode, une manière d’exprimer une part de soi?

Cela reste un embellissement. J’aime présenter des vestes sur des mannequins avec quasiment rien en dessous et l’idée d’un sautoir qui vient se lover au milieu du décolleté m’est venue immédiatement. J’aime aussi beaucoup les « manchettes d’oreilles » (ear cuff) serpent qui ont à la fois un côté rock et très couture. Elles serpentent le long de l’oreille et le fait qu’elles soient couleur or, se marie bien avec mes vêtements irrévérencieux. Nous avons voulu créer une manchette pour finaliser cette courte collection. Cette collaboration est arrivée au bon moment: je cherchais à accessoiriser mes vêtements, or je ne trouvais pas ce que je cherchais sur le marché. Avec Maison Aurélie Bidermann, nous avons ainsi pu créer ensemble ce que je désirais.

Pourquoi avoir choisi le nom Ekkaï ?

Parce que nous l’avons conçue autour du symbole du serpent et que cela sonnait bien. Par ailleurs, en Chine, on va entrer dans l’année du Serpent.

Que représente ce symbole pour vous?

Quand j’ai lancé ma ligne Atame en 2000, j’avais dit que le symbole du serpent était attirant et venimeux. Je joue avec les codes de la séduction, mais avec humour. Il y a un esprit rebelle, rock derrière ce symbole. On ressent de la force, de la sensualité dans cette collection capsule. Elle représente beaucoup de choses.

La manchette m’évoque l’Ouroboros, ce serpent qui se mord la queue et qui est un symbole d’éternité. Peut-on lire cette collection à la lumière de ce symbole d’impermanence?

Je n’y avais pas pensé mais je trouve cela intéressant. Il est vrai que ce sont des bijoux qui apportent de la force. Un bracelet-manchette est toujours un symbole de force, comme un pouvoir donné aux femmes. D’ailleurs, quand je réalise les portfolios de mes collections de mode, je montre des femmes puissantes, dotées d’une assurance un peu calme. Ce ne sont pas des guerrières, mais on retrouve cette notion d’empowerment derrière toutes mes collections.

Vos vêtements ont toujours accompagné une femme puissante qui exprime à la fois sa sensualité et sa force et ces bijoux vont aussi dans ce sens.

Depuis longtemps je travaille sur cette notion de sensualité et de force et même de sensibilité et de force. Etre sensible ne veut pas dire être faible; c’est une autre forme de puissance. On aurait pu penser que l’on n’en avait plus besoin, que les droits des femmes étaient acquis mais on se rend compte, depuis les affaires qui ont éclaté ces dernières années, que finalement il reste des milieux et des métiers où les femmes ont été mises en danger et n’ont pas été respectées. Il faut donc avoir beaucoup de force pour s’imposer et se faire respecter. Et plaire aussi, séduire comme nous le voulons et non pas en réponse à ce que l’on attend de nous. Une séduction choisie et non pas imposée, en cohérence avec soi-même.

Quel rôle jouent ces bijoux?

Le rôle de talisman: dans la force qu’ils dégagent, on peut y voir un côté protecteur.

Les bijoux Ekkaï seront vendus dans les boutiques de la Maison Aurélie Bidermann, dans celle de Barbara Bui, 50 avenue Montaigne à Paris et en ligne sur les sites d’Aurélie Bidermann et de Barbara Bui.