Rentrée des classes

Un crayon, c’est un objet de pouvoir. La créatrice de bijoux Nadine Ghosn s’en est saisi pour esquisser un quotidien précieux. Lily Templeton, Londres

Pendant longtemps, la rentrée des classes a sonné le glas de la fantaisie et de l’imaginaire. Et pourtant, dans nos trousses d’école se cachait un objet magique : le crayon. Pour la rentrée 2019, il se retrouve en or pavé de pierres de couleur dans les fournitures de l’élève Nadine Ghosn, accompagné de trombones, d’équerres, de rapporteurs et même de l’iconique stylo Bic.

Pourquoi rendre précieux l’humble crayon ? On peut faire bien des choses avec cette baguette de bois qui renferme une mine de graphite, à commencer par écrire des histoires et parfois même, l’Histoire. Mais c’est aussi la dimension sentimentale du crayon, cette madeleine de Proust dont la couleur change avec les cultures, qui l’a séduite. « C’est un objet fort : si simple, si abordable. Tout en monde en a eu un entre les mains. Mais c’est aussi une forme d’expression » affirme la créatrice basée à Londres et croisée un matin de grandes vacances. « Pour moi, il représente l’école, l’apprentissage. Je crois en l’apprentissage continu. On ne cesse jamais d’apprendre. »

Elle en sait quelque chose, puisque, pour tracer sa voie dans l’univers codifié et stratifié de la joaillerie, elle a dû s’initier. « Ça a été dur d’être prise au sérieux car je ne venais ni du métier, ni d’une famille de joaillers », se souvient-elle. « J’avais effleuré le sujet chez Hermès [où elle a travaillé quelques mois au sein de la joaillerie], mais il a fallu tout apprendre : l’achat d’or, négocier les coûts, savoir quelle proportion d’or est perdue, quelle est la chaîne d’approvisionnement. »

 

Faire émerger le précieux dans le quotidien est le défi qu’elle se lance à chaque collection, depuis la bague Burger, un semainier aussi gourmand que décadent qui l’a lancée. « Mes inspirations sont des produits qu’on croise au quotidien, vus sous un autre angle. J’aime l’idée d’objets qui inspirent des émotions positives aux gens qui les possèdent et auxquels on peut s’identifier. »

Est-ce un hasard si ce qui l’a toujours fait vibrer est « le fait de dessiner quelque chose qui devient réalité, qui est porté » ?  Sans doute pas.