Un diamant brut de 910 carats donne naissance à une collection unique
Ce brut exceptionnel de type IIa et d’un poids de 910 carats a été découvert en 2018. Il a donné lieu à une collection qui mérite tous les superlatifs: Legend of Diamonds. Signée Van Cleef & Arpels, cette série de 25 pièces va marquer les annales de la haute joaillerie. Isabelle Cerboneschi, Paris
L’histoire de tous les grands joailliers s’est écrite au fil des découvertes des gemmes les plus extraordinaires. Celle de Van Cleef & Arpels, qui a débuté en 1906, s’est agrémentée de nouvelles acquisitions qui ont donné naissance à de nombreux chapitres. Le dernier fut dévoilé à Paris en juillet dernier et il s’intitule le Legend of Diamonds – 25 Mystery Set Jewels.
Tout a commencé avec l’extraction d’un diamant brut rarissime de 910 carats en janvier 2018 dans la mine de Letseng, au Lesotho. Baptisé le Lesotho Legend, il fut vendu 40 millions de dollars en mars de la même année, selon CNBC. C’est le fameux diamantaire Taché qui a fait part de l’existence de cette pierre à Van Cleef & Arpels. Il s’agit du cinquième diamant brut le plus important jamais extrait. Outre sa couleur D parfaite, il s’agit d’un diamant type IIa. Seuls 1 à 2% des diamants extraits dans le monde sont de type IIa. Ils sont considérés comme les plus purs, les plus rares et les plus recherchés. En effet, tous les diamants comportent des impuretés atomiques et la plus commune est l’azote, qui donne au diamant une couleur. Les diamants de type IIa n’en comportent quasiment pas et sont incolores. Le Lesotho Legend s’inscrit dans une lignée prestigieuse qui compte le Régent, l’Etoile du Sud, le fameux Cullinan ou encore le légendaire Koh-I-Noor, qui avait été extrait dans les mines indiennes de Golconde aujourd’hui épuisées.
La mine de Letseng, située dans les montagnes Maluti au Lesotho, est connue pour avoir vu émerger certains des plus gros diamants, comme le Lesotho Promise, trouvé en 2006 qui pesait 603 carats ou encore le Letseng Star, de 550 carats. Cette mine à ciel ouvert est la propriété de Gem Diamonds et du gouvernement du Lesotho. Depuis la découverte du Lesotho Legend, un projet communautaire a été mis sur pied et des sommes ont été allouées pour bénéficier aux communautés affectées par la mine.
Afin de tirer le meilleur parti de ce brut, Van Cleef & Arpels et la société Taché ont fait appel à Diamcad, un diamantaire réputé basé à Anvers. Grâce à des analyses poussées, l’entreprise a pu tailler dans cette gemme quelques gros diamants de toute beauté: l’un de 79,35 carats, un autre de 31,24 carats ou encore celui de 25,06 carats.
«La maison travaille peu à partir de pierres brutes. Nous partons traditionnellement de pierres taillées et facettées, déjà propres à l’usage en joaillerie. C’est donc la première fois depuis plusieurs décennies que nous accompagnons un projet de son point de départ – l’extraction de la pierre – à la finalisation d’une collection de Haute Joaillerie. L’apparition de ce brut extraordinaire nous a apporté cette occasion unique de raconter une histoire autour du diamant», note Nicolas Bos, Président de Van Cleef & Arpels.
Les diamantaires ont utilisé la technologie 3D pour envisager les diamants en devenir au cœur de la pierre. Il aura fallu un an pour obtenir une cartographie idéale avant de commencer à sectionner le brut et d’en faire jaillir les gemmes. Le Lesotho Legend a donné naissance à un ensemble de 67 diamants totalisant 441 carats.
L’avantage de partir d’un brut, c’est de pouvoir obtenir des pierres de la forme et du volume souhaités. La collection présentée en juillet dernier à Paris est une histoire d’alchimie où plusieurs facteurs entre en ligne de compte: les diamantaires, les diamants, les autres pierres précieuses, les dessinateurs, l’histoire et le savoir-faire de la maison.
Le développement de Legend of Diamonds a duré environ quatre ans, depuis le moment où nous avons rencontré la pierre brute, jusqu’à la sortie des pièces. J’en suis très fier. Nicolas Bos, Président de Van Cleef & Arpels. Je pense que nous sommes parvenus à montrer, à travers le travail de toutes les équipes de la maison, qu’un diamant exceptionnel pouvait être le point de départ d’une collection étonnante qui fera date dans l’histoire de Van Cleef & Arpels», dixit Nicolas Bos.
La collection Legend of Diamonds issue de ce brut compte 25 pièces, toutes conçues de manière à sublimer chaque diamant, grâce notamment à l’utilisation d’un des savoir-faire les plus emblématiques de la maison: le fameux serti mystérieux, une technique de sertissage brevetée en 1933. Son secret? Des sillons sont creusés dans la culasse de chaque gemme afin qu’elles puissent être glissées et ajustées dans des rails en or. Le résultat s’apparente à un tapis de pierres précieuses, sans aucune griffe apparente. Ces tapisseries de rubis, de saphirs ou d’émeraudes, réalisées pour la collection, mettent en valeur les diamants mieux que tout autre technique. Le diamant central du collier Atours Mystérieux, par exemple, qui pèse 79,35 carats, trône en majesté au cœur d’un jaillissement de rubis en serti mystérieux qui en révèle tout l’éclat.
Autre pièce maîtresse de la collection, le collier Chevron Mystérieux s’inspire des cols cache-cœur en vogue dans les années 1950. Il comporte non pas une mais trois pierres de centre, trois majestueux diamants taille poire qui pèsent respectivement 31 carats (centre), 12,18 et 12,07 carats. Le motif en chevron qui forme le collier est composé de saphirs, d’émeraudes et de diamants. Ce joyau est le plus versatile de toute la collection: il offre six possibilités de métamorphose. Le motif central peut se porter sur une chaîne et les deux autres diamants venir orner des boucles d’oreilles.
Il a fallu plus de 30’000 heures de travail aux ateliers pour venir à bout de ce que l’on peut appeler un chef d’œuvre de la haute joaillerie. Un diamant brut d’une telle grosseur, d’une telle pureté, n’apparaît pas sur le marché tous les jours et la maison Van Cleef & Arpels, aidée par tous les experts, a réussi à créer autour de lui une collection qui fera date dans les annales de la haute joaillerie. Les collectionneurs l’ont bien compris. Les premiers jours de présentation, en juillet dernier, ils avaient déjà afflué, désireux d’enrichir leur collection de pièces d’une rareté exceptionnelle. Nul ne sait lorsqu’une telle opportunité se reproduira…