Ces joyaux qui parlent d’amour
Margaret est une marque de joaillerie genevoise hyper confidentielle, une sorte de personal jeweller fruit de l’amitié de deux sœurs d’âme : Oriana Melamed Sabrier et Candice Ophir. Depuis quatorze ans, elles créent des joyaux décalés, des bagues couronnes, des diadèmes étoilés. Elles ont aussi remis au goût du jour les bijoux de sentiment : chevalières, pendentifs dissimulant une photo, ou bracelets gravés du prénom d’une personne aimée. Photo : ©Damian Foxe. Texte : Isabelle Cerboneschi
Si Margaret existait, elle serait une aristocrate anglaise qui aurait hérité la beauté et l’extravagance d’une aïeule originale. Elle porterait des bijoux de tête pour aller au marché bio. À quoi bon garder ses diadèmes parsemés d’étoiles de diamants pour les soirées barbantes ? Elle porterait sa couronne en miniature au bout de son doigt et, à son poignet, des bracelets de sentiment gravés et sertis des noms de ceux qu’elle aime.
Margaret n’existe pas, ou plutôt, si, elle existe un peu en chacune de ses clientes. La marque est née de l’amitié de deux femmes qui ont été élevées dans la même famille plusieurs fois recomposée : Oriana Melamed Sabrier et Candice Ophir. Margaret est un secret très bien gardé. Pas de publicité, peu de presse, mais lorsqu’elle apparaît dans un magazine, c’est dans les pages du Financial Times ou du Vanity Fair.
La puissance du binôme tient en un savant équilibre entre deux pôles opposés. Oriana, diplômée du Gemmological Institute of America, est celle qui s’accroche à ses rêves pour créer les bijoux, choisir les pierres, les montures, les couleurs, les matières. Candice, diplômée en marketing de New York University, anticipe les besoins de la marque, s’occupe de la clientèle, et dirige l’entreprise.
Oriana et Candice n’avaient pas l’intention de créer une nouvelle marque de joaillerie. Elles ont simplement commencé par créer un bijou, puis deux, elles les ont vendus, ont racheté des joyaux anciens qu’elles ont transformés, vendus… L’histoire a commencé ainsi.
Leurs créations sont des pièces uniques, réalisées dans leur atelier genevois. Si leurs joyaux les plus emblématiques sont les bagues couronnes, les plus demandés sont les bijoux de sentiment, une tradition qui remonte à l’Antiquité.
Sur le cœur de l’une de leurs clientes se balance un pendentif dissimulant, comme un secret, les photos de ceux qu’elle aime. Au poignet d’Oriana, trois bracelets manchettes s’entrechoquent : ils sont gravés des prénoms d’êtres chers écrits en lettres « Margaret », une police de caractère inventée exprès, et sertis de diamants. Les fidèles de la marque en possèdent un, ou deux, ou plus…
« Ce qui est sûr, dit Oriana en riant, c’est que l’on n’a rien inventé : les chevalières, les bracelets gravés de prénoms, les pendentifs renfermant des cheveux d’enfants ou une photo miniature, tout cela existait déjà, mais nous les avons interprétés à notre façon.»
La genèse du bracelet gravé est une histoire amitié. « Le mari de ma meilleure amie voulait offrir un cadeau à sa femme pour son anniversaire. Je cherchais quel bijou pourrait être à la fois simple et sentimental », poursuit Oriana. Elle a eu l’idée d’un bracelet très pur, en or, aux proportions parfaites, qu’elle a fait graver avec les prénoms des enfants de son amie, sertis de diamants. Victime de son succès, ce bijou, qui aurait dû rester une pièce unique, s’est multiplié au poignet des clientes de la marque.
Chez Margaret, on interprète de grands classiques avec un esprit délicieusement déjanté. Comme ces chevalières, qui ne se prennent pas au sérieux : le chaton en or rouge ressemble à ces anciennes touches de machines à écrire, avec l’initiale en argent, sertie de brillants, vissée au corps de la bague.
En prenant le thé dans les bureaux de Margaret, un boudoir rose comme un marshmallow, je me dis que créer des bijoux, finalement, à condition de posséder la connaissance et le savoir-faire, c’est une manière d’écrire des histoires. C’est attraper des idées, des souvenirs, dans les filets de l’air du temps, pour les inscrire dans une matière précieuse. La création est un beau mystère…
Margaret : www.margaret-jewels.com
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